Aaah le printemps ! Le soleil, les oiseaux qui chantent, les fleurs qui s’épanouissent et la chaleur qui revient peu à peu. Et surtout l’herbe qui pousse vite dans les pâtures au printemps. Très vite ! Trop vite même parfois ! Surtout par ici dans la verte Normandie.
Mais si on apprécie le paysage qui reverdit, on est aussi en vigilance maximum pour remettre nos chevaux au pré après tout l’hiver passé au foin.
Dans cet article, je vais vous expliquer comment je m’y prends pour gérer la transition foin-herbe de mes 2 poneys shetlands fourbus chroniques.
Mais d’abord un peu d’histoire.
2019 : Farida fait une fourbure très grave
C’était en 2019. Je venais de déménager et je louais un pré à 5km de chez moi. Je n’arrivais pas à m’organiser pour passer tous les jours et je venais tous les 2 jours. Farida, ma mamie shetland avait 24 ans à l’époque. Elle était en état à peu près correct, même si elle était encore un peu rondouillarde.
Farida est couchée par la douleur
Un matin, la gérante du centre équestre qui me louait cette pâture au printemps, m’appelle pour me prévenir qu’un voisin l’a appelé pour lui dire que la ponette était sur le point d’accoucher !!!
…
Quoi ?!!!
Impossible. Et quand la gérante me décrit que la ponette est couchée sur le flanc et halète, je comprends que le voisin a confondu une mise-bas avec une fourbure grave.
Ramener les ponettes dans un paddock sans herbe
Je pars sur place et la gérante me rejoint avec un van. Farida s’était relevée entre temps, mais il fallait la sortir du pré rapidement. On la ramène donc dans un paddock en terre au centre équestre. Ça faisait seulement 2 jours que j’avais enlevé le « panier » (sorte de muselière qui ralentit le cheval quand il mange) de Farida. En 2 jours : fourbure !!
En même temps, c’est la situation que je craignais. Avant d’emménager dans ce pré, je surveillais toujours Farida de très près à cette saison de l’année. Je la mettais à la diète un jour deux. Je m’en voulais de ne pas l’avoir suivie de plus près. 🙁
Une décision difficile
Farida est donc restée dans le paddock sans herbe toute la journée (avec sa copine double ponette qui allait très bien, elle). Mais quand je rentre le soir, la gérante m’annonce que Farida est couchée depuis 6h d’affilée.
C’est très grave.
Un cheval qui reste couché trop longtemps risque des problèmes intestinaux qui sont souvent mortels.
Si elle ne se relève pas dans les 2h qui viennent, nous serons obligés de l’euthanasier. 🙁
Il nous reste une dernière carte à jouer. Nous appelons le vétérinaire qui vient faire une piqure d’anti-inflammatoires. Le temps que le véto arrive, Farida s’est relevée ! Ouf ! Énorme soulagement !!! Je crois que c’est le plus gros soulagement de toute ma vie ! On lui fait quand même la piqure d’anti-inflammatoires. Et Farida s’est remis rapidement en quelques jours.
C’est à ce moment-là que j’ai su que je ne pouvais pas la laisser aller au pré comme les autres chevaux. Ce n’était pas gérable.
Une ébauche de gestion sur piste équestre
J’ai donc ramené mes 2 mamies ponettes près de la maison et je les ai changé de pré très régulièrement en alternant entre un petit pré sans herbe et un petit pré avec de l’herbe. C’est ainsi que j’ai commencé sans le savoir à faire comme une sorte de piste équestre :
- Je les sortais le matin dans le pré
- et je les rentrais le soir au paddock.
- Le lendemain, elles restaient au paddock toute la journée.
- Puis le surlendemain seulement, je les ressortais au pré.
- J’alternais de cette façon pendant tout le printemps.
C’est en juin, voire en juillet, que je les laissais parfois plus de 24h d’affilée au pré.
Je me suis rendue compte aussi que les ponettes adoraient rentrer au paddock. C’était comme rentrer à l’écurie pour elles. Elles m’attendaient à la porte du pré pour rentrer le soir. Ou je les appelais et elles venaient vers moi prêtes à rentrer seules. Je pense qu’elles appréciaient aussi la courte balade entre le pré et le paddock.
En plus, selon la saison, le pré changeait d’emplacement. J’avais 3 emplacements différents pour les emmener dans leurs pâtures de printemps, voire une 4è quand je les laissais devant la maison (ce qu’elles adoraient en bon poney curieux qu’elles sont 😀 ).
Les gestion des pâtures au printemps avec l’équipiste
Aujourd’hui, je gère l’explosion verte, c’est_à_dire la pousse soudaine et massive de la végétation au printemps (vous appelez ça comment vous ?) de la même façon.
Même si les ponettes sont sur piste, ce qui leur permet de bouger beaucoup plus pour trouver leur nourriture dans les haies et dans les endroits où j’ai déposé du foin, je les mets à l’herbe de temps en temps en les surveillant de très près.
Je les mets au pré quand :
- le sol est sec et qu’elles ne risquent pas d’abimer le terrain avec leurs sabots
- l’herbe fait plus de 5cm de haut (presque à ma cheville)
- leurs pieds sont froids et pas tièdes (s’ils sont tièdes au toucher : attention : risque de fourbure !!)
- elles n’ont pas déjà été au pré la veille
Elles sont au pré environ 12h d’affilée toutes les 48h.
12h d’affilée, c’est beaucoup, mais mon emploi du temps ne me permet pas de faire mieux. Je travaille à l’extérieur, je pars à 8h du matin, les ponettes sont sorties vers 7h, et je ne reviens pas avant 18h. Donc 11h d’affilée au pré minimum.
Un système avantageux pour l’humain comme pour les chevaux
Mais avec la piste, j’ai constaté qu’en rentrant le soir, souvent elles ne sont plus au pré. Comme il communique avec la piste, souvent, elles sont rentrées dans l’abri et j’ai juste à fermer la barrière pour éviter qu’elles retournent dans la pâture.
Je trouve que c’est une situation très paisible.
Pour elles, comme pour moi.
Je les sens bien, détendues, contentes de leur journée dans l’herbe et repues. Je ne suis pas stressée en me demandant si elles ont assez à manger… (oui bon, même si ce sont des shetlands, j’ai le droit de m’inquiéter hein ?! 😀 )
Et pas de stress non plus, en me demandant si elles se sont empiffrées. Elles ont géré. Toutefois, je vérifie quand même les sabots et leurs aplombs pour m’assurer qu’elles ne souffrent pas. 😉
Il faut dire qu’à cette saison, elles boudent le foin car après tout l’hiver, elles ne veulent plus tellement en manger. Je dois donc surveiller les clôtures pour éviter qu’elles les défoncent pour aller dans l’herbe. C’est d’ailleurs ce qu’elles ont fait pendant 15 jours avant que j’arrive à électrifier le fil correctement (oui j’ai emménagé il y a 8 mois, tout n’était pas encore parfaitement calé).
Voila comment je gère l’explosion verte et les pâtures au printemps pour mes poneys.
- Sortie au pré 1 jour 2 maximum, et 1 jour sur 3 s’il faut (et plus si les sabots sont tièdes)
- Des clôtures bien électrifiées
- Et une surveillance quotidienne
Et vous ? Comment vous gérez la pousse de la végétation et les pâtures au printemps pour vos chevaux ?